Par Suzanne Day


Un atelier présenté au Troisième Congrès International
La Dyslexie : Trouble d'apprentissage ou Don

Ottawa, samedi le 30 septembre 2000

Mon mari, un professeur spécialisé dans les troubles de la lecture, et moi avons un enfant doué ayant des difficultés d'apprentissage, ce qui nous a forcées à trouver des solutions et à réexaminer continuellement nos priorités et nos attitudes de coeur, vis-à-vis une personne qui apprend différemment. Nous avons choisi de l'éduquer à la maison et depuis quelques années nous nous spécialisons à aider des parents qui désirent enseigner à leur enfant à la maison ou qui ont besoin d'encouragement et de directives pour continuer.

En tant que professionelle, je suis souvent témoin d'enfants avec des difficultés d'apprentissage éduqués à la maison, qui présentent des niveaux de réussites plus élevés que ce que l'on devrait s'attendre, en considérant leurs difficultés. J'ai été demandé à partager mon enthousiasme et mon expérience avec vous, en ce qui concerne les avantages et les défis d'éduquer à la maison un enfant avec des difficultés d'apprentissage.

La plupart des enfants que j'évalue ont des symptômes d'inattention qui interviennent dans leur apprentissage et c'est en pensant à ces enfants que j'écris cet article. Les raisons décrites ci-dessous peuvent aussi être appliquées aux enfants avec des besoins spéciaux, incluant les surdoués et les enfants avec des besoins d'apprentissage plus profonds.

Le premier besoin : un programme individualisé.

Même si les experts ne s'accordent pas sur la définition des difficultés d'apprentissage, il y a quatre points sur lesquels ils sont d'accord : ces enfants ont une intelligence moyenne ou au-dessus, la cause fondamentale n'est ni un handicap psychologique ou physique et ils n'apprennent pas de façon satisfaisante avec des méthodes d'instruction conventionnelles. Ces enfants apprennent différemment des enfants moyens et devraient être enseignés avec un programme spécifiquement conçu pour correspondre à leurs forces et à leurs faiblesses d'apprentissage. En 1956, Benjamin Bloom a créé une taxinomie d'objectifs éducatifs et les professeurs se devaient d'écrire des « objectifs de comportement pour leurs élèves ». Malheureusement, les classes de 20 ou de 30 étudiants ne peuvent pas aisément fournir des programmes individualisés. L'éducation à la maison le permet.

Le programme individuel peut inclure des activités de développement et de rattrapage et quelques-unes peuvent être difficiles à accomplir dans une classe régulière. L'éducation à la maison fournit un environnement favorable sans la peur de subir des moqueries.

Dans un environnement d'école régulier, un enfant avec des difficultés d'apprentissage devra quitter la classe plusieurs fois par semaine pour aller travailler avec un professeur de soutien. Ceci le distingue aux yeux des autres étudiants comme quelqu'un ayant quelque chose qui ne « fonctionne pas bien ». Chaque enfant redoute la honte d'aller dans une classe de rattrapage et d'être vu comme « retardé », ce qui est souvent l'étiquette inconsciente dans la pensée des autres étudiants. L'éducation à la maison permet à l'enfant avec des difficultés d'apprentissage d'être protégé, tout en développant ses forces, sans avoir à subir la moquerie. Personne d'autre que les parents et quelquefois les frères et les soeurs, ont besoin de savoir qu'il travaille à différents niveaux, dans des sujets différents.

Le défi est que les parents se sentent souvent coupables quand ils découvrent que leur enfant n'apprend pas comme les autres. Ils auront besoin de travailler avec un professionel pour l'évaluation et recevoir un programme individuel. Ils devront payer eux-même les frais encourus. En français, les Services psychopédagogiques et pédagogiques offrent de tels services. Des conférences sont organisées tout au long de l'année pour éduquer les parents. Des groupes de support souvent pourvoient l'information sous forme de livres ou de casettes pour aider les parents à reconnaître les caractéristiques d'un enfant avec des difficultés d'apprentissage.

Deuxième besoin : travailler seul avec un professeur.

Je lis régulièrement des recommandations venant de rapports d'évaluation psychopédagogiques. J'ai aussi à écrire ces rapports et je suis de plus en plus consciente que, selon mon estimation, 75 % de ces recommandations requièrent un professeur qui travaillera seul avec l'enfant. Les professeurs de rattrapage dans une école ont rarement le temps de travailler avec un seul enfant à la fois, mais l'éducation à la maison devrait pouvoir fournir cette attention, pour un minimum d'une heure chaque jour, même si la mère doit s'occuper d'autres enfants. Le docteur Steven Duval, un psychologue qui dirige des recherches, a mesuré que l'éducation à la maison permet que les enfants et les professeurs soient assis côte à côte ou face à face 43 % du temps, tandis que les classes d'éducation spéciale ne fonctionnent ainsi que 6 % du temps.

La situation d'éducation à la maison permet aussi aux parents la flexibilité dont ils ont besoin pour d'adapter le programme selon les progrès éducatifs de l'enfant et leur compréhension de son style d'apprentissage et de ses besoins.

Beaucoup de recherches prouvent que le temps alloué à l'éducation n'est qu'une fraction du temps qu'un enfant passe en interaction pédagogique, opposé au temps que l'enfant passe à n'être qu'assis dans une classe ou en face d'un ordinateur. À cet égard, l'éducation à la maison possède un avantage énorme sur les classes d'éducation spéciales des écoles publiques. Les recherches du docteur Duvall démontrent que les enfants dans les classes d'éducation spéciales des écoles publiques passent 74,9 % de leur temps sans interactions pédagogiques. Les enfants éduqués à la maison ne passent que 40,7 % de leur temps dans ce mode.

La maison est le service de « tuteur » le plus abordable.

L'enseignement individualisé à 30,00 $ l'heure (ce qui est un bon prix), pour au moins trois heures par jour, coûterait 450,00 $ par semaine, 1 800,00 $ par mois et 18 000,00 $ par année !

Toutefois, les parents devraient sagement considérer investir dans des consultations professionnelles pour guider leur enseignement et leurs efforts pour modeler son caractère. Trop souvent, nous rencontrons des mères faisant l'éducation à la maison, se sentant coupables de ne pas réussir à amener leurs enfants à leur niveau. La mère qui enseigne l'enfant soupçonne habituellement qu'il existe des difficultés d'apprentissage. Lorsqu'elle vient chercher de l'aide, elle a payé le prix des frustrations, de la défaite et d'une maigre estime de soi. Le chirurgien a besoin de faire passer des tests, le constructeur regardera ses plans et l'agent en marketing regardera les données. Il est logique que le professeur d'un enfant avec des difficultés d'apprentissage prenne cette responsabilité, avec une évaluation minutieuse des problèmes et des techniques spécifiques pour guider ses efforts. Les parents qui font l'éducation à la maison ont la liberté d'engager les professionnels et les professeurs de leur choix.

Les défis :

Les parents doivent assumer tous les coûts sans aide de la commission scolaire à qui ils paient les taxes scolaires sans en bénéficier. La mère qui reste à la maison ne peut pas travailler à l'extérieur et le revenu est restreint.

Les parents doivent restructurer leurs priorités : la mère, qui habituellement prendra la responsabilité d'enseigner l'enfant, doit réorganiser son temps. L'enfant, et souvent les enfants, sont toujours avec elle, vingt-quatre heures par jour.

Troisième besoin : des enseignants expérimentés et entrainés.

Une des questions demandées fréquemment, par les parents qui pensent à l'option d'éducation à la maison pour leur enfant avec des difficultés d'apprentissage ou par les parents qui font l'éducation à domicile et découvre que leur enfant a une difficulté d'apprentissage, est : « Ne serait-ce pas mieux pour mon enfant s'il allait à l'école publique avec des professeurs formés pour travailler avec lui ? » Oui, et non. Être formé ne signifie pas nécessairement au niveau universitaire. La formation universitaire est primordiale pour préparer une personne à enseigner différents types de difficultés d'apprentissage, mais les parents n'ont besoin d'être formés que pour combler les besoins de leur propre enfant. En utilisant les données de tests professionnels, les parents peuvent être enseignés à reconnaître les forces et les faiblesses d'apprentissage de leur enfant. Des techniques spécifiques éducatives et développementales peuvent être enseignées aux parents, faisant d'eux le professeur spécialisé dont cet enfant a besoin.

Un désavantage qui peut être transformé en avantage : l'éducation à la maison amplifie nos faiblesses et nous amêne aussi à l'humilité. Les parents faisant l'éducation à la maison ne peuvent plus blâmer les « professeurs » ou « l'école ». Ils ont plus d'opportunités d'identifier leurs « faiblesses », lesquels entravent leur croissance de caractère. Habituellement, les enfants n'iront pas plus loin sur le chemin vers la maturité que leurs parents à un moment donné. Les difficultés d'apprentissage sont un héritage. Les solutions que les parents trouvent pour leur enfant peuvent aussi amener un processus de guérison pour eux-mêmes, et vice-versa. Les solutions qu'ils trouvent pour eux-mêmes avantageront leurs enfants. John Powel a dit : « Les opportunités les plus magnifiques viennent dans nos vies déguisées en problèmes. »

Les parents d'un enfant avec des difficultés d'apprentissage ont besoin de découvrir une signification plus profonde de l'« humilité ». Les difficultés d'apprentissage sont considérées comme l'« handicap caché » parce qu'il n'y a aucun signe extérieur. Les enfants avec des difficultés d'apprentissage n'ont pas l'air d'être différent des autres et sont confrontés avec des demandes qu'ils ne peuvent réaliser. Ils sont souvent humiliés. Tandis que les parents découvrent une plus profonde signification « d'humilité » pour eux-mêmes, ils seront en meilleure position pour ne pas être pris dans « l'acte d'humiliation » envers leur enfant. Nous avons besoin d'humilité pour travailler très fort avec un enfant qui progresse lentement. Nous avons besoin d'humilité pour faire face à d'autres gens qui ne comprennent pas nécessairement pourquoi votre enfant agit de façon immature et la réalité est que, vous ne pouvez expliquer le « pourquoi » à tout le monde.

Quatrième besoin : un environnement « controlable ».

Un enfant avec des difficultés d'apprentissage a, la plupart du temps, des difficultés d'intégration sensorielle, lesquels sont une partie importante de leur problème d'inattention. Cet enfant peut être hyper ou hyposensible aux sons, à la lumière, aux odeurs et au toucher, ou à l'un ou l'autre. Le plus souvent ces enfants sont hypersensibles aux bruits de fond et ont besoin d'une atmosphère tranquille qu'une classe ne peut pas facilement offrir. Le foyer peut généralement mieux contrôler la « réception » d'informations.

Un enfant avec des difficultés d'apprentissage sera souvent affecté par le vacillement des lumières fluorescentes qui sont utilisées la plupart du temps dans des classes régulières. Cette observation est souvent faite par des professionnels de la santé et confirmé par la recherche de neuroscience de la dyslexie. Le professeur John Steins de l'université d'Oxford à Londres, explique que le système magno cellulaire de la « dyslexie », lequel est responsable de la vitesse du traitement visuel et auditif, est plus faible dans les cerveaux « dyslexiques ». Cette faiblesse a des conséquences sur la vision et rend la personne très sensible au vacillement d'une lumière. Les parents doivent s'assurer que les enfants travaillent dans un endroit avec la lumière du jour.

L'enfant avec des difficultés d'apprentissage est plus susceptible à l'éreintement physique et émotionnel après toute une journée dans un environnement de classe régulière, parce qu'une grande partie de sa journée a été passée avec de la frustration et de la confusion. Ces enfants développent des maux de tête, des maux d'estomac, des cauchemars, etc. Beaucoup d'études scientifiques ont démontré que le long stress émotionnel continu épuise physiquement. Beaucoup de parents qui découvrent que leur enfant a des difficultés d'apprentissage choisiront de travailler avec leur enfant après les heures d'école, ce qui ne fait qu'ajouter à la pression émotionnelle et physique. Dans un environnement d'éducation à la maison, les parents vont pouvoir utiliser le matin comme période optimale pour la vivacité d'esprit, sans mentionner le frottement du dos régulier et d'autres contacts physiques qui réassurent et relâchent la tension. J'entends régulièrement les commentaires des parents sur la disparition de ces symptômes physiques après quelques semaines d'éducation à la maison.

L'environnement d'éducation à la maison permet le contrôle de trois importantes composantes dans le processus d'apprentissage : la fréquence, la durée et l'intensité. Ces enfants ont besoin de courtes durées (courtes périodes), de plus de fréquence (plus souvent) et de beaucoup d'intensité (au niveau de l'énergie).

Un enfant avec des difficultés d'apprentissage aura souvent un système immunitaire plus faible, avec de différentes manifestations comme des allergies et de l'asthme. L'éducation à la maison permettra aux parents de contrôler l'exposition aux germes.

Le défi est que les enfants enseignés à la maison doivent bien se discipliner pour être certain de sortir et de prendre de l'exercise chaque jour. Les centres récréatifs fournissent de bonnes ressources. Des écoles privés vont quelques fois ouvrir leurs portes pour inclure les enfants éduqués à la maison.

Cinquième besoin : beaucoup de répétitions.

Il est souvent comparé à un « panier percé ». Sa mémoire, à court et à long terme, n'est pas aussi efficace qu'elle devrait l'être à cause de l'anxiété créée par certaines informations ou la façon dont l'information est présentée. Les parents ont besoin de beaucoup de patience afin de répéter l'information sous différentes formes. La répétition ne signifie pas l'apprentissage par coeur, mais l'application de cette information à différents aspects de la vie courante; lorsque vous êtes assis, lorsque vous marchez, lorsque vous vous couchez. Nous devons nous souvenir que l'on peut mieux apprendre par l'exemple que si l'on est enseigné. Tandis que les parents qui éduquent leurs enfants à la maison grandissent dans cette perspective toujours plus large, ils deviennent plus efficaces.

Sixième besoin : « plus de temps » dans la plupart des activités : lecture, écriture, se lever le matin, manger, etc.

Il a besoin de plus de temps pour traiter l'information, non parce qu'il a moins d'intelligence, mais à cause de certaines inefficacités dans l'organisation de son système nerveux central et simplement à cause d'un processus de pensées différent. Il aura besoin de plus de temps pour devenir mature en général. Il aura besoin de plus de temps pour apprendre à organiser « son temps », ce qui est une tâche frustrante autant pour le professeur que pour l'élève. L'environnement d'éducation à la maison, structuré mais aussi flexible, lui permettra de prendre le temps dont il a besoin en remédiant à ses faiblesses et en apprenant des stratégies pour s'organiser.

Par exemple, l'enfant avec des difficultés d'apprentissage pense souvent plus en images de concepts et d'idées qu'en mots. Cette conceptualisation non verbale est beaucoup plus rapide que la conceptualisation verbale, laquelle est le fait de penser avec les sons du langage. Cet enfant aura besoin de plus de temps pour transcrire ses images en mots et sera souvent frustré et confus dans une classe régulière qui est principalement organisée autour une conceptualisation verbale. L'éducation à la maison peut être adaptée pour répondre à ses besoins, en tenant compte que les parents comprennent ces différences et découvrent des outils pour lui enseigner. Enseigner à un visuel n'inclut pas seulement l'utilisation de matériel visuel, mais devrait lui permettre le temps et les façons de traduire ses images en mots.

Septième besoin : routine et de structure.

J'entends souvent les histoires des enfants avec des difficultés d'apprentissage qui changent de professeurs de rattrapage plusieurs fois par année, sans compter les changements dans leur classe régulière. Les parents qui enseignent à leur enfant améliorent année après année leur « conscience » et leur comprehension de leur enfant et doivent s'adapter avec les nouveaux besoins qu' il développe, tout en assurant une constance dans l'approche de base.

Huitième besoin : une stabilité emotionelle.

L'enfant avec des difficultés d'apprentissage se sentent souvent frustré et découragé, ce qui peut amener un cycle de « dépression ». Il a désespérément besoin d'être encouragé de façon constante. Lorsqu'on regarde les significations des deux préfixes, nous voyons que « dé » signifie « absence, privation », et « en » signifie « faire, qualité ». Le mot de base « cour » signifie « coeur, désir » et le suffixe « age » signifie « acte de, qualité, état ». La définition de « courage », selon le « Multi Dictionnaire » est : « Bravoure et force de caractère pour vaincre des difficultés ». La maison fournit une excellente base pour transmettre le « courage », lequel est une force du coeur venant de gens aimants. Notre attitude pédagogique est trop souvent disproportionée, avec le doigt pointé vers les erreurs, en comparaison avec les commentaires « positifs » qui encouragent. L'enfant avec des difficultés d'apprentissage, et vraiment tout le monde, a besoin d'une proportion de quatre commentaires positifs pour chaque commentaire négatif. Les commentaires positifs n'ont pas seulement besoin d'inclure des compliments sur ce qu'il fait de bien (ce qui est souvent difficile à trouver !), mais avoir des directions précises sur « comment » et « pourquoi » afin de diriger ses pensées et ses actions. L'éducation à la maison et des parents déterminés à supporter l'enfant et à trouver des solutions seront capable de mieux contrôler la qualité de l'interaction.

Il est vulnérable à une faible estime de soi et a besoin d'éducateurs prévenants qui vont lui adresser leurs demandes, tout en considérant ses forces et ses faiblesses. Lorsqu'il a différents éducateurs, l'enfant avec des difficultés d'apprentissage est confronté avec différents points de vue, dépendant de la façon dont il est vu par ces éducateurs. Il doit s'adapter à ces différents angles tandis qu'il essaie de leur plaire. Parce que l'enfant avec des difficultés d'apprentissage peut réussir certains jours et ne pas être capable les autres jours, il est souvent étiqueté comme étant « paresseux » par les gens qui ne comprennent pas. Cet enfant nous laisse croire que, si seulement il « essayait plus fort », il réussirait !!! Il est souvent entouré par un manque de compréhension. Les difficultés sont réelles et centrées dans les fonctions centrales du système nerveux. Les parents qui éduquent à la maison devraient faire tous les efforts pour s'assurer que l'enfant comprenne que sa lecture, son épellation et ses difficultés de langage ne sont pas reliées à ses valeurs en tant que personne, famille ou membre de l'église. L'enfant avec des difficultés d'apprentissage a besoin de l'aide de ses parents, de ses frères et de ses soeurs pour découvrir ce qu'il vaut. Thomas Edison, qui avait beaucoup de difficultés d'apprentissage à l'école, a été, finalement, éduqué à la maison. Plus tard, dans sa vie il a fait ce commentaire significatif : « Tout ce que je suis, tout ce que je n'ai jamais espéré être, je le dois à ma mère. »

Défi : le fait d'élever un enfant avec des difficultés d'apprentissage a le potentiel d'épuiser une énorme quantité d'énergie émotionnelle. À cause du besoin d'un engagement profond dans la famille qui fait l'éducation à la maison, le père aura aussi besoin d'être plus impliqué, ce qui n'est pas toujours facile. Quand le père s'implique, il a le potentiel de créer une situation pédagogique plus balancée, pour avantager la maturité de l'enfant.

Neuvième besoin : d'apprendre plus spécifiquement des règles de socialisation.

Cet enfant n'a pas seulement des difficultés d'apprentissage dans le domaine pédagogique, mais, très souvent, socialement, il a besoin de plus de directions pour apprendre à raisonner et à comprendre les règlements sociaux. Quelques-uns de ces règlements, certains explicites et d'autres, plus subtils, font partie d'un « programme d'enseignement caché ». Cet enseignement se fait plus facilement dans un contexte contrôlé avec une attention individualisée, fournie par le contexte d'éducation à la maison.

La question de socialisation est toujours une des premières objections posées aux parents qui considèrent cette options pédagogique. Plusieurs recherches qui mesurent l'estime de soi ont démontré que les enfants éduqués à la maison sont bien développés socialement. Le concept de socialisation verticale (interraction avec des personnes plus âgées à différents niveaux de la société) en comparaison à la socialisation horizontale (l'influence de la pression faite par les pairs) est souvent discuté. L'éducation traditionnelle favorise plus la socialisation horizontale.

L'enseignement à la maison favorise une bonne balance entre les deux.

Dixième besoin : de développer d'autres habiletés que l'académique.

Le diagnostic d'une difficulté d'apprentissage est fait à partir du point de vue des exigences pédagogiques. Ces enfants ont des dons qui ne sont pas mesurés par des tests normalisés. Le parent-professeur, qui passe de plus longues périodes avec son enfant, découvrira ses capacités spécifiques et trouvera des façons d'encourager ses expressions. Il est sage de laisser l'enfant au moins une heure par jour faire ce à quoi il excelle pour qu'il découvre ses différents talents et pour renforcer son estime de soi. L'enfant avec des difficultés d'apprentissage aura, à ce moment, plus d'occasions de réaliser ses dispositions de carrière et de travailler sur le développement des talents dont il aura besoin. Encore une fois, la flexibilité de l'éducation à la maison permet à ces possibilités d'être incluses dans le programme d'enseignement.

L'éducation à la maison est une grande tâche. L'éducation à la maison d'un enfant avec des difficultés d'apprentissage requiert une plus grande dose de courage, de détermination, de sagesse, d'initiative, de flexibilité, de créativité, de persévérance, d'honnêteté, d'ingéniosité, de générosité, de tolérance, de méticulosité, de reconnaissance et de contrôle de soi. L'éducation à la maison, comme tout autre choix de carrière, est un processus où le défi est de réussir chaque jour « mieux qu'hier, et moins bien que demain. »


© Suzanne Day, 1998

© 2001-2014. Dernières modifications - Septembre 2014