Par Suzanne Day

Au cours des années, j’ai souvent fait face à la tâche difficile d’expliquer aux parents la signification et les implications de bas résultats sur un test d’intelligence.  Le but de cet article est de guider les parents à mieux comprendre ce que ces tests mesurent et en quoi ils les aident à trouver la meilleure intervention pour leur enfant.  Je vais premièrement expliquer ce qu’est l’intelligence, donner une explication de ce qu’un test Q.I. cherche à mesurer et les implications des différents niveaux d’intelligence.
 
Nous convenons qu’il y a différents types d’intelligences, d’ailleurs plusieurs livres sont écrits sur le sujet des intelligences multiples :  intelligence musicale, intelligence sociale, intelligence corporelle-kinesthésique, intelligence verbo-linguistique, intelligence spatiale, etc.  Bien qu’il soit important de considérer chacune d’elles, lorsque les parents demandent de l’aide pour mieux saisir les raisons pour lesquelles l’enfant ne réussit pas académiquement, un professionnel doit se concentrer sur les habiletés cognitives qui se rapportent le plus à la lecture, l’écriture et l’arithmétique.  Les habiletés cognitives font référence au potentiel intellectuel de l’enfant à raisonner et à analyser des données d’une manière abstraite et logique.
 
Le test le plus utilisé pour mesurer le quotient intellectuel des enfants de six à seize ans est le Weschler Intelligence Scale for Children qui est dans sa quatrième édition (WISC-IV).  Le test donne cinq résultats principaux : Le résultat de Compréhension Verbale indique la réussite de l’enfant à des tâches qui lui exigeaient d’écouter des questions et d’y répondre verbalement.  Ces tâches évaluent les habiletés de l’enfant à comprendre de l’information verbale, à penser avec des mots et à exprimer sa pensée avec des mots.  Le résultat d’Organisation Perceptuelle indique la réussite de cet étudiant à des tâches qui lui exigeaient d’examiner et de penser à des choses tels que des croquis et des images et à résoudre des problèmes sans utiliser de mots.  Ces tâches évaluent les habiletés de l’enfant à résoudre des problèmes non verbaux, parfois en utilisant la coordination œil-main et à travailler efficacement avec de l’information visuelle.  Le résultat de Mémoire Active indique la réussite de l’étudiant à se concentrer à des tâches qui exigent de l’attention et du contrôle mental.  Le résultat de Vitesse de Traitement indique la réussite de l’enfant à exécuter des tâches nécessitant la coordination œil-main et à travailler rapidement et efficacement avec de l’information visuelle.  Le résultat de l’Échelle Complète combine tous les résultats.  Il représente une façon de voir les habiletés globales de l’étudiant à penser et à raisonner.
 
Bien que les résultats représentent une image du fonctionnement de l’étudiant au moment présent, cette dernière ne doit pas être interprétée comme étant pour toujours coulée dans le béton.  Néanmoins, cette image nous fournit une mesure fiable pour analyser les raisons qui amènent l’enfant à éprouver des difficultés académiques.  La performance académique démontre ce que l’enfant est capable de faire avec son potentiel; toutefois, cette performance peut être altérée par différents facteurs tels que : la motivation à faire du travail scolaire, des patterns dyslexiques, des tensions émotionnelles ou un manque de bon enseignement éducatif.  Le quotient intellectuel, quant à lui, est plus stable.  Le niveau peut changer si la bonne intervention est faite.  Cependant, le niveau d’habiletés cognitives ne se modifie pas facilement avec le temps sauf si des interventions intensives et exceptionnelles sont utilisées pour travailler les fonctions du système nerveux central.  La cause est habituellement génétique, organique ou suite à un traumatisme tel qu’un manque d’oxygène à la naissance.
 
La meilleure façon d’analyser ces résultats est en regardant au rang centile qui indique que la performance de cet étudiant est aussi bonne que la performance des enfants de son âge ou de son niveau scolaire.  Par exemple : Le 10e rang centile signifie que l’étudiant réussit aussi bien que 10% des enfants de son âge ou de son niveau scolaire dans la norme par échantillonnage et que 90% réussissent mieux que lui.  Des résultats entre le 25e et le 75e rang centiles sont considérés être dans la moyenne.
 
La question qui se pose est : Quel est le lien entre le quotient intellectuel et les résultats académiques?  Je vais tenter de vous le résumer de cette façon.  Pour un enfant ayant un QI dans le 50e rang centile, on pourrait s’attendre à ce que ses résultats académiques soient selon son niveau scolaire.  Cependant, nous nous attendrions à une année de retard au niveau académique pour un enfant ayant un QI dans le 25e rang centile.  Avec la même logique, nous nous attendons à ce qu’un enfant ayant un QI dans le 85e rang centile soit deux ans au-dessus de son niveau scolaire.
 
Il est crucial que ceux qui font l’école à la maison et qui fournissent un enseignement individualisé avec ce qu’il y a de meilleur au niveau curriculum sur le marché et dont l’enfant ne semble pas « saisir », comprennent que le niveau des habiletés cognitives peut être une des principales raisons pour laquelle l’enfant ne réussit pas au niveau attendu.  En fait, il s’agit de la situation principale que j’ai eu à défendre en cour en tant que témoin expert au cours des dernières années : l’enfant ne réussissait pas à son niveau scolaire parce que, après avoir été évalué, on découvrait que ses habiletés cognitives étaient plus faibles que ce qui serait normal pour son âge.  Quoiqu’à chaque fois, les parents ont obtenu la permission de continuer à enseigner leur enfant à la maison après avoir passé plusieurs jours en cour, il aurait été préférable que l’ enfant ai passé des tests normalisés avant que le travailleur social les interpelle pour expliquer le retard académique.
 
Je ne cherche certainement pas à avancer qu’il faudrait diminuer nos attentes, mais plutôt qu’il nous faut les ajuster afin « d’avancer » avec l’enfant et de réaliser ce qu’il doit investir comme efforts pour parvenir à réussir à un niveau plus élevé que celui que lui permet son potentiel intellectuel.  J’ai vu tellement d’étudiants qui, malgré de faibles résultats quant à leur niveau d’intelligence lorsqu’ils étaient à un jeune âge, se sont rendus au niveau collégial.  Mais pour chacun de ces étudiants, cela a été au prix d’investissement intense de la part des parents et d’efforts et de motivation incessants de la part de l’enfant.
 
Ces concepts sont importants à comprendre afin d’adapter les attentes scolaires et de réajuster le curriculum, de diminuer l’anxiété et/ou la culpabilité de maman et d’expliquer le niveau de réussite auprès des grands-parents et de la commission scolaire; mais le plus important, c’est de permettre à l’enfant cette expérience d’être aimé (se sentir aimé), compris et apprécié par ce qu’il est et pour les talents qu’il a.

Copyright 2008 Suzanne Day, Neuropsychophysiologiste, Psychopédagogue et Neurodéveloppementaliste


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